Collaboration avec l'Inserm et le Bus 31/32

Les consommateurs de cannabis au cours de l’année représentent 11% des 18-64 ans selon le Baromètre santé 2020. Cette population est hétérogène et en constante augmentation. Les usages sont motivés par différentes raisons. Les confinements prononcés pendant la pandémie de COVID-19 ont bouleversé les usages et la santé de cette population et les associations d’usagers et structures de proximité redoutaient des effets sanitaires et sociaux néfastes pour ces personnes (sevrage, douleurs, report sur d’autres produits).

En réponse à ces préoccupations, l’enquête CANNAVID a été réalisée pendant la première période de confinement afin de comprendre son impact sur la consommation de cannabis et la santé des personnes. Il s'agissait aussi de mesurer l’impact psychologique du confinement et d’appréhender les problématiques auxquelles sont confrontées les consommateurs face aux difficultés d'approvisionnement inhérentes au confinement. Un questionnaire était disponible sur internet, grâce à une diffusion sur les réseaux sociaux par Plus Belle La Nuit. Plus de 4000 personnes y ont répondu.

Les analyses ont permis de distinguer 4 profils : les personnes qui ont arrêté de consommer (7 %), celles qui ont diminué (28 %), celles qui n’ont pas changé leur consommation (29 %) et celles qui l’ont augmenté (36 %). L’augmentation de la consommation était plus fréquente chez les femmes, pour les personnes habitant dans des grandes villes et celles qui avaient stocké du cannabis en prévision du confinement. Par rapport aux participants dont le niveau de consommation de cannabis est resté inchangé pendant le confinement, ceux qui ont augmenté leur consommation et ceux qui l'ont arrêtée étaient plus susceptibles d'avoir augmenté leur consommation de tabac et d'alcool et d'avoir connu une augmentation des troubles du sommeil et des symptômes dépressifs. Les participants qui ont arrêté de consommer du cannabis étaient également plus susceptibles d'avoir augmenté leur consommation de benzodiazépines et d'avoir ressenti une augmentation de la douleur pendant le confinement. Les participants qui ont maintenu une consommation stable pendant le confinement semblent avoir eu moins d’effets négatifs sur leur santé.

Cette étude a été conduite par le programme Plus Belle La Nuit (PBLN) du CSAPA/CAARUD Bus 31/32 (Marseille) en collaboration avec l'Inserm (le laboratoire de recherche SESSTIM, Marseille). Savoir + Risquer - a soutenu financièrement cette recherche.

Ces résultats ont fait l’objet d’articles scientifiques :
Briand Madrid, Laélia, Cécile Donadille, Victor Martin, Laurent Appel, Maela Le Brun Gadelius, Salim Mezaache, et Perrine Roux. « Enquête CANNAVID : Modifications de la consommation de cannabis chez les usagers quotidiens en période de pandémie de Covid-19 ». Psychotropes, volume 26, numéros 2‑3, pages 141‑63, 2020 doi.org/10.3917/psyt.262.0141.
Mezaache, Salim, Cécile Donadille, Victor Martin, Maëla Le Brun Gadelius, Laurent Appel, Bruno Spire, Laélia Briand Madrid, Martin Bastien, et Perrine Roux. « Changes in Cannabis Use and Associated Correlates during France’s First COVID-19 Lockdown in Daily Cannabis Users: Results from a Large Community-Based Online Survey ». Harm Reduction Journal volume 19, numéro 1, pages 19-26, mars 2020. doi.org/10.1186/s12954-022-00611-x.