Collaboration avec ASUD Nîmes et le CAARUD de Villejuif

L’incidence et la prévalence de maladies infectieuses d’origine bactérienne est plus élevée chez les personnes injectrices de drogues que dans la population générale du fait de l’usage de l’injection dans leurs pratiques de consommation. Le principal agent pathogène responsable de ses infections cutanées, de pneumonie et d’endocardite est le Staphylococcus aureus (ou staphylocoque doré-S doré).

Plusieurs raisons expliquent le fait que les personnes injectrices de drogues courent un risque accru de contracter des infections non virales, en premier lieu les abcès.

D’abord, le fait de ne pas se laver les mains : ces-dernières souillent de bactéries compromettantes (voir de virus) les différents éléments qui permettent l’injection. Aujourd’hui, près de la moitié des personnes injectrices de drogues ne se lavent pas ou peu les mains avant l’injection soit par manque de connaissances, par manque d’accès à l’eau et au savon mais également à cause de l’urgence de l’injection.

Puis, il y a l’injection en elle-même. Lorsque l’aiguille de la seringue pénètre dans la peau, la peau contient des bactéries à sa surface, c’est pourquoi il est essentiel de désinfecter le point d’injection avant de s’injecter. Les injections répétées sont un des facteurs à risque de déclencher des infections puisque plus il y a d’injections, plus il y a des risques de commettre des fautes d’asepsie, notamment l’omission de la désinfection du point d’injection.
L’endroit choisi pour le point d’injection est également importante du fait de sa propreté (par exemple une zone de transpiration) ou de son accessibilité qui peut être difficile (par exemple le cou) et donc nécessiter de s’y reprendre à plusieurs fois avant d’atteindre une veine.

Egalement, la flore buccale peut provoquer des infections. Du fait de vouloir gouter son mélange ou encore de lubrifier l’aiguille, certaines personnes injectrices de drogues lèchent l’aiguille avant de l’insérer dans la peau y insérant les bactéries provenant de la bouche.

Enfin, la substance injectée peut provoquer des lésions du fait de ses propriétés physiques : les médicaments non prévus pour être injectés provoquent plus de dommages, notamment à cause de l’occlusion des veines provoquée par les excipients. D’autres produits, comme l’héroïne brune et le crack ont besoin d’acide pour être dissoutes, or ce dernier abîme les veines lorsqu’il est ajouté en excès.

Agir sur ces différents éléments est crucial pour éviter au maximum des infections non virales. Les conseils en réduction des risques sur les bonnes pratiques d’une injection peuvent permettre d’améliorer ou de changer les gestes d’une personne injectrice de drogues. Ainsi, ce projet en collaboration avec ASUD Nîmes et le CAARUD de Villejuif a permis de former les équipes de ces deux structures aux gestes et outils permettant de réduire le risque d'infections bactériennes. Les deux équipes ont pu proposer une filtration antibactérienne à leurs usagers injecteurs, tout en adoptant les bons gestes d'hygiène, comme le lavage des mains grâce à du gel hydroalcoolique, la désinfection du point d'injection, etc.

Pour en savoir plus sur ce sujet :
Binswanger, Ingrid A., Alex H. Kral, Ricky N. Bluthenthal, Daniel J. Rybold, et Brian R. Edlin. « High Prevalence of Abscesses and Cellulitis Among Community-Recruited Injection Drug Users in San Francisco ». Clinical Infectious Diseases, volume 30, numéro 3, pages 579‑81, mars 2000. doi.org/10.1086/313703.
Ciccarone, Daniel, et Magdalena Harris. « Fire in the Vein: Heroin Acidity and Its Proximal Effect on Users’ Health ». International Journal of Drug Policy, volume 26, numéro 11, pages 1103‑1110, 2015. doi.org/10.1016/j.drugpo.2015.04.009.
Dahlman, Disa, Anders Håkansson, Alex H. Kral, Lynn Wenger, Elizabeth L. Ball, et Scott P. Novak. « Behavioral Characteristics and Injection Practices Associated with Skin and Soft Tissue Infections among People Who Inject Drugs: A Community-Based Observational Study ». Substance Abuse, volume 38, numéro 1, pages 105‑112, janvier 2017. doi.org/10.1080/08897077.2016.1263592.
Dwyer, R., L. Topp, L. Maher, R. Power, M. Hellard, N. Walsh, M. Jauncey, A. Conroy, J. Lewis, et C. Aitken. « Prevalences and correlates of non-viral injecting-related injuries and diseases in a convenience sample of Australian injecting drug users ». Drug and Alcohol Dependence, volume 100, numéros 1–2, pages 9‑16, 2009. doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2008.08.016.
Giudice, P. Del. « Cutaneous Complications of Intravenous Drug Abuse ». British Journal of Dermatology, volume 150, numéro 1, pages 1‑10, 2004. doi.org/10.1111/j.1365-2133.2004.05607.x.
Mezaache, Salim, Camélia Protopopescu, Marie Debrus, Stéphane Morel, Marion Mora, Marie Suzan-Monti, Daniel Rojas Castro, Patrizia Carrieri, et Perrine Roux. « Changes in supervised drug-injecting practices following a community-based educational intervention: A longitudinal analysis ». Drug and Alcohol Dependence, volume 192, pages 1‑7, novembre 2018. doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2018.07.028.